Page:Le Grand Albert - La Vie des Saints.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA VIE DE S. JAOUA.

de Daoulas, ressentoient à bon escient la perte de sa présence car, depuis qu’il les eut quittez, la famine les affligea tellement, trois ans durant, qu’ils furent contraints de chercher à vivre ailleurs en Bretagne ils s’apperçeurent que c’estoit une juste punition de l’ingratitude dont ils avoient usé vers le Saint, & députèrent aucuns d’entre-eux pour aller à Occismor, en Léon, luy requerir pardon en leur nom & le supplier de les venir consoler & leur donner sa sainte benediction. Le Saint, oubliant l’injure qui luy avoit esté faite par eux, de l’avis de S. Paul, s’y en alla &, sitost qu’il y fut arrivé, les délivra de la famine & iit ; par ses prieres, retourner la fertilité, & la terre commença à reverdir & à pousser fleurs & fruits à foison.

XIV. Dieu, le voulant enfin recompenser des longs travaux qu’il avoit glorieusement surmontez pour sa gloire, permit qu’une forte Hévre le saisit en son Presbitaire de Brasparz, qui l’aBbiblit grandement & qui, peu de temps après, le coucha au lict de la mort. Trois jours avant son decés, S. Paul, estant en son Monastere en l’Isle de Baaz, & S. Kenan à Ploukerneaw, eurent revelation de sa maladie & qu’elle estoit mortelle S. Kenan se rendit incontinent devers S. Paul, lequel l’envoïa hastivement à Brasparz pour assister le saint Prelat en sa maladie, l’ayder à bien mourir & donner ordre à ses funérailles. S. Jaoua fut fort consolé de le voir, receut tous ses Sacremens, &, après avoir donné sa sainte bénédiction aux assistans, commanda que, quand il seroit decedé, on mit son corps en un branquart neuf, & que là, où les bestes qui le dev oient porter s’arresteroient, ils l’ensevelissent & puis, levant les mains & le cœur au Ciel, rendit son Ame à son Createur, le second jour de Mars, environ l’an 554. Son corps, lavé & revêtu de ses ornemens Pontificaux, fut mis dans une litiere neufve, (ainsi qu’il avoit ordonné), & laissa-t-on les bestes la conduire où elles voulurent elles allèrent tout le grand chemin de Brasparz, jusqu’à un certain lieu nommé Por~-ar-c’nt’ox ou la litiere fit un éclat si grand, qu’on pensoit qu’elle fust rompuë mais les bestes continuèrent d’aller quelques cinq cens pas plus avant, où elle se briza tout à fait, au milieu d’une grande place, où on bastit une belle Église en son nom, & y fut ensevely. Depuis, ses saintes Reliques furent levées et transportées en la Cathedrale de Léon, lequel Diocese il gouverna un an & quarante jours.

L’Église de Léon ce/e-rc la Fesle de S. Jaoua ou Jovin, le 2e jour de Mars, duquel le vieil Legendaire de la Ca-edra-e contient 9.Leçons, desquelles, en partie, est tiré ce que nous venons d’écrire, partie aussi d’un fort vieil M. SS. Il moy communiqué par feu Escuyer Vincent Le Grand, Seigneur de Kerscao Kerigwoal, en May 1623, lequel contient les recherches e~ me/non’es de ~Epesc/te de Léon, par Noble ef Discret Messire Yves le Grand, Chanoine de S. Paul de Léon, Recteur de.fVouneucnKT, .Aumosn/c7’ et Conseiller du Duc François II, y’an 1472.

ANNOTATION.

TOMBEAU ET RELIQUES DE SAINT JAOUA (J.-M. A.).

EST dans la paroisse de Plouvien, canton de Plabennec, à 5 lieues au nord de Brest, que fut transporté miraculeusement et enseveli le corps de saint Jaoua. La chapelle bâtie sur son tombeau et qui porte son nom est distante de l’église paroissiale d’environ cinq cents

mètres du côté du sud-ouest, et dans le voisinage est un chemin ancien désigné encore sous le nom de streat ar)’e !e-OM, passage des reliques, indiquant un point du parcours fait par les boeufs qui transportaient ces précieuses dépouilles. La chapelle actuelle, qui a remplacé un édifice antérieur, doit remonter à l’année d567, d’après une date qui se lit sous Ja statue de saint Jean