Page:Le Grand Meaulnes.djvu/195

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Mes compagnons, en bons villageois que rien n’étonne, ne sont pas surpris pour si peu.

— C’était une noce, quoi ! dit Boujardon.

Delouche en a vu une, à Préveranges, qui était plus curieuse encore.

Le château ? On trouverait certainement des gens du pays qui en ont entendu parler.

La jeune fille ? Meaulnes se mariera avec elle quand il aura fait son année de service.

— Il aurait dû, ajoute l’un d’eux, nous en parler et nous montrer son plan au lieu de confier cela à un bohémien !…

Empêtré dans mon insuccès, je veux profiter de l’occasion pour exciter leur curiosité : je me décide à expliquer qui était ce bohémien ; d’où il venait ; son étrange destinée… Boujardon et Delouche ne veulent rien entendre : « C’est celui-là qui a tout fait. C’est lui qui a rendu Meaulnes insociable, Meaulnes qui était un si brave camarade ! C’est lui qui a organisé toutes ces sottises d’abordages et d’attaques nocturnes, après nous avoir tous embrigadés comme un bataillon scolaire… »

— Tu sais, dit Jasmin, en regardant Boujardon, et en secouant la tête à petits coups, j’ai rudement bien fait de le dénoncer aux gendarmes. En voilà un qui a fait du mal au pays et qui en aurait fait encore !…

Me voici presque de leur avis. Tout aurait sans doute autrement tourné si nous n’avions pas considéré l’affaire d’une façon si mystérieuse