Page:Le Journal des sçavans - 1721.djvu/421

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sera conforme aux régles qu’on suit communément dans les écoles, nous souhaitons qu’il execute au plutôt sa promesse.

Pour ce qui regarde la saignée, M. Verny dit que plusieurs experiences qu’il a faites à Marseille l’ont persuadé de l’inutilité de ce remede dans cette sorte de peste, que cependant traitant à Aix une pestiferée dont les symptômes marquoient une grande raréfaction de la masse du sang, il fit faire avec un grand succès, une saignée à la malade. M. Chicoineau qui avoit soin d’une pestiferée à trois lieues de la Ville d’Aix, la fit saigner jusqu’à quatre fois, le lendemain de la quatriéme saignée qui avoit été faite à deux heures après midi, la malade mourut sur les neuf heures du soir ; mais on ne doit pas être surpris (dit M. Chicoineau) que la saignée réitérée, tant du pied que du bras, ne fût pas un secours assez efficace pour dégager la malade, puisque les inflammations & les gangrenes interieures étoient déja formées dès les premiers instans du mal, comme il y a lieu, ajoûte il, d’en juger par les accidens dont le mal étoit accompagné, & encore mieux par tout ce qui fut observé dans l’ouverture du cadavre. Il conclud de-là & avec grande raison, que la saignée ne convient aux attaques de peste, que lorsque les inflammations & les gangrenes ne sont pas encore formées. Sur quoi nous n’oublierons pas de remarquer que de dix à douze personnes que M. le Commandant de la Ville d’Aix permit à M. Chicoineau & aux autres Medecins, de traiter chez elles-mêmes, où ils avoient été appellés dès le commencement du mal, les deux tiers, à ce qu’assure M. Chicoineau, échaperent par le moyen de la saignée.

C’est un préjugé vulgaire que l’on n’est attaqué de la peste qu’une fois ; mais M. Chicoineau raporte l’exemple d’une Demoiselle qui le fut deux fois, & qui mourut à la seconde ; il ajoûte qu’il pourroit citer diverses personnes, qui dans le cours de celle de Marseille l’ont euë jusqu’à quatre fois.

C’est encore un autre préjugé de s’imaginer que les corps robustes soient moins susceptibles des attaques de la peste, M. Soulier, Maître Chirurgien de Montpellier, dit