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Page:Le Mierre-Oeuvres-1810.djvu/227

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Lanassa n'a connu que des malheurs au monde.

Le veuvage et l'hymen, tout est affreux pour moi.

Fatime

Qu'entends-je ? Ma surprise égale mon effroi.

Eh quoi ! Dans votre hymen vous n'étiez point heureuse ?

La Veuve

Non : tu ne connais pas mon infortune affreuse. [310]

Fatime

Au fond de votre coeur quel désespoir j'ai lu !

Vous me cachez vos pleurs.

La Veuve

Le ciel n'a pas voulu...

Fatime

Parlez : quelle douleur trop longtemps renfermée...

La Veuve

Fatime, il est trop vrai, j'aimais, j'étais aimée.

Jour sinistre où du Gange abandonnant les ports [315]

Nous partîmes d'Ougly pour habiter ces bords.

Vaisseau non moins funeste, où le sort qui m'accable,

M'offrit, pour mon malheur, un guerrier trop aimable.

Tu viens de m'arracher le secret de mes pleurs,

Je t'ai trop découvert l'excès de mes douleurs. [320]

Malheureuse ! Pourquoi dans les moeurs malabares,

Tous les européens nous semblent-ils barbares ?

Fatime, ah ! Que mon père avec un étranger,

Sans violer nos lois, n'a-t-il pu m'engager ?

Ou pourquoi força-t-il sa fille infortunée [325]

À former les liens d'un cruel hyménée ?

Fatime