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Page:Le Mierre-Oeuvres-1810.djvu/238

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Que ma famille entière, à qui je dois ma mort,

N'osant lever les yeux, et jamais consolée, [545]

Dans son propre pays ne se trouve exilée ;

Que vengeant mon époux, un peuple furieux

Ne me laisse en partant ses clameurs pour adieux,

Et qu'une telle image, attachée à ma fuite,

Ne me suive partout où tu m'aurais conduite. [550]

Le Jeune Bramine

Poursuis, respecte encore une homicide loi,

Crains l'époux comme un dieu prêt à tonner sur toi.

Hélas ! Moi seul des tiens je t'aime et je te reste,

Je ne te suis connu que de ce jour funeste ;

De l'horreur de ton sort ton frère a beau souffrir, [555]

Non, cruelle ! Il n'a pas le droit de t'attendrir ;

Mais j'ai celui du moins, dans ce péril extrême,

D'oser te secourir contre ton aveu même.

Tu me parles d'honneur ! Le mien est de quitter

Ces profanes autels que je dois détester ; [560]

J'y vais rester encor pour te sauver la vie ;

Mais une fois ici mon attente remplie,

Il n'est mer, ni désert, ni climat si lointain,

Qui me sépare assez de ce temple inhumain.


Scène IV

La Veuve

Quel est donc son projet ? Que va-t-il entreprendre ? [565]

Des soins de sa tendresse aurais-je à me défendre ?