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Page:Le Mierre-Oeuvres-1810.djvu/243

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Le Général

En mettant à la trêve un terme aussi prochain, [645]

En menaçant ces murs de l'assaut pour demain,

Je sers les assiégés, et pour eux je profite

Des extrémités même où leur ville est réduite.

Déjà de trop de sang ce rivage est baigné,

Sauvons celui du moins qui peut être épargné. [650]

Quelque avantage, ami, qu'on cherche dans la guerre,

Compense-t-il les maux qu'elle apporte à la terre ?

À regret, cependant, je vois ce peuple entier,

En esclave asservi par le bramine altier ;

Son art est d'échauffer les esprits en tumulte, [655]

Et de les alarmer sur les moeurs, sur le culte.

Je les ai rassurés : ils ont su que mon roi,

En m'envoyant vers eux, n'exige que leur foi,

Qu'il n'est rien dans leurs lois qu'il veuille qu'on renverse,

Qu'il ne veut seulement, pour les soins du commerce, [660]

Qu'un port où ses vaisseaux partis pour l'Indostan,

Puissent se reposer sur le vaste océan.

Mais apprends sur ces bords quel autre soin m'amène,

Que j'aime, que j'adore une jeune indienne ;

Que trois ans sont passés, depuis qu'en ces climats [665]

Un voyage entrepris me fit voir tant d'appas ;

Que dans ces mêmes murs, malgré l'usage austère,

Je la vis quelquefois de l'aveu de son père ;

Que je lui plus, qu'épris du plus ardent amour,

Je conçus le projet de l'épouser un jour ; [670]

Que je vis vers moi seul sa jeune âme entraînée,

Du moins avec tout autre éluder l'hyménée ;

Qu'en France rappelé par les lettres des miens,