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Page:Le Mierre-Oeuvres-1810.djvu/279

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Peuples, c'est devant vous que j'abjure à jamais

Vos coutumes, vos lois, vos solennels forfaits :

Ma raison par vos moeurs ne peut être obscurcie, [1355]

Ni mon instinct changé, ni mon âme endurcie ;

Malgré l'opinion, malgré sa cruauté,

Le sentiment l'emporte et mon coeur m'est resté.

Le Grand Bramine

Impie ! Ah ! Lanassa, condamnant ton audace,

À la mort d'elle-même avance dans la place. [1360]

Le Jeune Bramine

Oui, par les droits du sang, méconnus sur ce bord,

J'empêcherai ma soeur de courir à la mort.

Arrêtez, inhumains qui formez son cortége,

Et par ma faible voix quand le ciel la protége,

Aux horreurs de son sort ne l'abandonnez pas : [1365]

Devez-vous plus qu'un frère exiger son trépas ?


Scène IV

La veuve, suivie de ses parents ; le grand Bramine, le jeune bramine, peuple indien.
La Veuve

égarée.

Où suis-je ? Où vais-je ? Dieux ! Autour de moi tout change.

Qui m'a pu transporter sur les rives du Gange ?

Quel fantôme voilé, ciel ! Je vois s'approcher ?...

Fuyons ; il me saisit ; il m'entraîne au bûcher ; [1370]

Il se découvre : arrête, époux impitoyable.

Le Jeune Bramine