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MORVAND. 191

[1]sans interruption, et qui, tous, depuis Artaud I, qui suivit Louis VII en Terre-Sainte, se trouvent mêlés à tous les grands événements de l’histoire nationale.

Nous ne suivrons point l’illustre généalogie de cette famille de héros : une plume plus habile s’est acquittée de cette tâche[2] ; mais en parcourant la galerie de portraits qui ornent le salon du château, nos yeux s’arrêtent en particulier sur Claude de Beauvoir, sire de Chastellux, l’un des premiers hommes de guerre du xve siècle. Il naquit dans le manoir paternel, vers l’an 1385 : attaché au parti du duc de Bourgogne, son seigneur et maître, il rendit de grands services à Jean-sans-Peur, et reçut du roi Charles VI de hautes gratifications : il fut fait maréchal de France. Quand la guerre civile, qu’on croyait près de s’éteindre, se ralluma plus forte que jamais, après le drame de Montereau, c’est à Claude de Chastellux que Philippe-le-Bon confia, en 1420, le gouvernement du Donziois et du Nivernois. Mais son plus beau fait d’armes est la victoire qu’il remporta, à Cravant, le 20 juillet 1423. Il s’empressa de rendre la ville de Cravant au chapitre de la cathédrale d’Auxerre. Les

  1. est député du Nivernols aux États-Généraux d’Orléans. La Tournelle, château flanqué de deux pavillons et couvert en esseaune, appartint, sans interruption, depuis le xie siècle jusqu’à la Révolution, à une illustre maison du Nivernols. Seguin de La Tournelle fit don de ses biens à la cathédrale de Saint-Cyr, de Nevers, en 1067, et, malgré sa vieillesse, se disposa à faire le voyage de la Terre-Sainte. En 1214, à la bataille de Bouvines, ce fut Pierre de La Tournelle qui abattit, sous son cheval, le comte de Boulogne, général ennemi ; en 1217, Guillaume de La Tournelle, frère de Pierre, se rendit caution du serment de fidélité de Pierre de Courtenay, son ami, envers Philippe-Auguste. La terre de La Tournelle fat érigée en marquisat, en 1681. Saint Péreuse, qui doit son nom au saint qui y fut martyrisé, avait deux châteaux : celui du seigneur a été, dlt-on, brûlé plusieurs fois, il n’en reste plus qu’un pan de murailles ; l’autre, appelé de Bemes, est flanqué de quatre tourelles. Il fut possédé par Jacques de Mesgrigny. Glux-en-Glenne, que Robert de Chatillon-en-Bazois, par un acte de 1270, inscrit au cartulaire d’Autun, reconnaît tenir de Gérard, évêque d’Autun. Il a disparu entièrement. Chanlevrier, dont les vassaux devaient battre les eaux des fossés, pour empêcher le croassement des grenouilles de troubler le sommeil du seigneur. Chandioux. fief de Moulins-Engilbert, au xviie siècle, eut pour seigneur, en 1360, Jean de Chandioux (de Camp-des). Au-dessus est situé le joli château moderne de Solière. Chandioux n’offre plus que des ruines dans lesquelles on a trouvé des milliers de pièces aux comtes de Glen et de Chateauroux ; ce château nous a laissé souvenir d’un acte d’hommage assez singulier. « Le seigneur de la terre de Saint-Péreuse, dit M. Jaubert (Souvenirs du Bon-Vieux Temps), venait chaque année se mettre à genoux, nu-tête, sans épée ni éperons, sur le seuil de la principale porte du château ; il ne quittait cette humble position, qu’après avoir donné la liberté à un roitelet apporté dans cette intention, et embrassé le verrouil de la porte. »
  2. 1. Annuaire de l’Yonne, année 1840, article de M. Chaillou des Barres.