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244 LE NIVERNOIS.

Tout auprès était la communauté des Chauminards, qui comprenait plusieurs familles, les Vechet, les Petit-Regnaud et les Verron de Mai ; les Verron sont une vieille famille de laboureurs dont il est parlé dans le titre d’une fondation faite dans l’église paroissiale de Theury, en 1414. La communauté, ainsi composée, avait à sa tête un chef héréditaire, espèce de roi champêtre à qui l’administratlon était commise. En cas de minorité, la régence était dévolue au plus proche parent. On travaillait le jour ; le soir et aux heures de réunion, la société se rassemblait dans une grande salle, dont le foyer occupait le centre : la fumée sortait par une issue pratiquée à la toiture. On mangeait en commun, les hommes d’un côté, les femmes et les enfants d’un autre, et le chef, s’il le voulait, seul à une table séparée. Les biens et les revenus se géraient à peu près de la même manière que chez les Jault de Saint-Benin·les-Bols. Tout indlvldu qui renonçait aux avantages de l’association, était apané ; au milieu du dernier siècle, l’apanage était de soixante livres une fois payées[1].

A peu de distance des Chauminards, et toujours sur la paroisse de Thoury-en-Séjour, nous visitons le Pessay, château tout empreint des caractères de la Renaissance, mais dont le plan carré, avec une tour à chaque angle, rappelle le xive siècle ; à cette époque appartient en effet le donjon, large et massive construction circulaire, qui impose encore malgré son délabrement. Le fief du Pessay était possédé, sous le Régent, par le ministre d’état Leblanc ; c’est le premier qui, de ce point, ait envoyé du bois à Paris.

Chantenay a une église romane assise sur d’anciennes fondatlons. Le triste état où elle est, s’explique par les ravages des Anglais et des Huguenots. Elle servait autrefois à un prieuré de Bénédictins, et son curé était réduit à la portion congrue. — Saint-Imbert, qui en est peu éloigné, possédait aussi un prieuré de Bénédictins.

Le château de La Ferté doit peut-être son nom de Faritas au sauvage et formidable aspect des tours et des remparts dont il était environné au Moyen-Age ; de ses fortifications féodales, il reste encore les deux fossés larges et profonds qui baignaient ses remparts aujourd'hui abattus. Le manoir, restauré à différentes époques, se compose d’un amas de bâtiments divers, qui sont pour la plupart marqués du caractère de la Renaissance. Au xiiie siècle, Arnou de Chaudron, Arnulphus Calderonis, est seigneur de La Ferté ; en 1231, il jure aux bourgeois de Nevers qu’il veillera à la conservation de leurs privlléges, même contre le Comte, leur seigneur et le sien. En 1296, un mariage porte le fief dans la maison de Chatel-Perron ; puis nous voyons successivement La Ferlé aux mains des nobles familles de Bourbon, de Jaligny, de Château-Villain, de Guichard-Dauphin et de Montagu. En 1514, les deux comtesses de Boulogne et d’Auvergne étaient baronnes de La Ferté. En 1560, la seigneurie· du lieu appartlent en même temps à Claude et à Jean de Baufremont, à Antoine de Vienne, seigneur de l’Ostunois, à Gaspard de Saux-Aussy et à Louis de La Fayette, capitaine de cinquante hommes d’armes. Alors, c’est-à-dire au xvie siècle, dit Coquille, les seigneurs de La Ferté-Chaudron et de la Roche-Milay étaient de la maison et nom de Vienne, maison tant renommée de grande ancienneté, en laquelle ont été plusieurs amiraulx et maréchaulx de France. La Ferté passa ensuite aux Andrault, qui la réunirent à leur fief et lui en donnèrent le surnom, en substituant celui de Langeron à celui de Chaudron. En 1651, Rabutin occupa le château de La Ferté, et en confia le commandement à Corbinelli.

Le seigneur de La Ferté était le premier baron da Nivernols et le second conseiller du Comte. Grand-maréchal, il commandait l’avant-garde à l’aller, l’arrière-garde au retour, avait toujours le meilleur cheval de l’écurie après le Comte et double pale de banneret. En 1332, il jouissait encore du droit de battre monnaie. A la baronie de La Ferté était attaché le canonicat d’bonneur et la trésorerie du Chapitre cathédral de Nevers ; nous en avons déjà parlé t. l, p. 109, note 3. L’un des

  1. 1 Une association pareille existait encore à Pougues et vivait sur le domaine du Pontois ; on la nommait la Communauté des Beaufils, et les filles qui en sortaient recevaient trois cents livres.