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enthousiasme

quelques heures. On l’y laissa cependant, quand deux femmes irlandaises et cordiales arrivèrent pour occuper les autres places dans la cabine. Jane était entre bonnes mains.

Le lendemain elle était bien partie.

Mais trois semaines plus tard, un message arrivait annonçant pour le lendemain son retour à bord du même paquebot. Que s’était-il passé ? Comme ce bateau faisait la traversée en neuf jours, elle n’avait dû rester que quarante-huit heures en Irlande. On fit en l’attendant des conjectures. Jane était si sotte. Peut-être que sa mère n’avait pas pu la rencontrer et que Jane n’avait pas su comment s’y prendre pour la retrouver ?

Quand elle surgit sur la passerelle, elle sortait plus que jamais d’une boîte de surprise, et dès qu’elle aperçut sa patronne, elle se précipita, épanouie, heureuse et abasourdie, et sans attendre qu’on l’interrogeât, elle répéta sur tous les tons :

— J’ai fait un si beau voyage, j’ai eu tant de plaisir à bord !

Tout ce qu’elle raconta portait en effet sur la bonté des gens envers elle, quand elle avait eu le mal de mer, et quand elle avait eu si peur de la tempête.

Pour les quarante-huit heures passées au pays natal, impossible de savoir ce qu’elles avaient été.

— Ta mère était-elle au-devant de toi ?

— Oh ! oui. Mais il n’y avait pas de place pour moi où rester, j’pouvais pas, mon mère est bien pauvre, bien pauvre…