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enthousiasme

sonne à dresser ses bébés à être propres dès leurs premiers mois.

Inutile de vous dire qu’avec des jumeaux, ce système était pratique ; des couches, des piqués, il y en aurait toujours assez à laver. Et elle n’avait pas de bonne. Son mari l’aidait et il gardait la maison, lorsqu’il avait congé, pour qu’elle fît ses courses. Et le soir, il l’obligeait souvent à sortir, pour qu’elle ne se sentît pas malheureuse et prisonnière. Car enfin, elle avait maintenant quatre enfants en bas âge, et elle n’avait pas même trente ans.

Mais quelle joie, quelle consolation elle eut à voir pousser les jumeaux si vigoureusement, si normalement. Ils eurent tout de suite les reins solides et les jambes musclées et fortes. Il fallut vite les séparer du même carrosse, où on les avait d’abord mis l’un à chaque bout. Sans le vouloir, ils se donnaient de mauvais coups.

Quand ils furent capables de s’asseoir, ils eurent chacun une petite balançoire qu’on accrocha dans les deux portes qui donnaient sur la cuisine. De ce perchoir, ils regardèrent fricoter leur mère, quand ils eurent cessé de dormir toutes leurs journées… Elle, leur parlait constamment, comme s’ils comprenaient déjà, et les deux aînés ajoutant leur verbiage, la maison était vivante et gaie avec tous ses oiseaux.

Mais comme la vie est ce qu’elle est, et qu’il faut la prendre bonne ou mauvaise, il y avait tout de même des matins où tout n’était pas aussi rose. Il y eut le matin où la jeune mère achevant son blanchissage, vit soudain par la fenêtre que la