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Page:Le Normand - Enthousiasme, 1947.djvu/163

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le billet de vingt dollars

de l’autre. Un vingt dollars est sur le dessus d’un beau désordre. Elle s’en empare sans hésiter, referme le sac, et attend son amie d’occasion, décidée à disparaître ensuite sans laisser de trace !

Tout cela en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. L’autre sort. Linette, comédienne, consulte sa montre, s’exclame. Elle sera en retard. Elles se quittent en se remerciant mutuellement. Linette est bouillante d’indignation quand elle arrive aux Délices. Et elle raconte son aventure à Jeanne du premier au dernier mot.

— Mais de quoi avait-elle l’air ? d’une personne bien ?

— Très bien. C’est une Américaine. C’est tout ce que j’en sais. Non, mais l’hypocrite ! Et moi qui ai presque déchiré mon beau manteau, à me faire tirailler pour lui trouver sa laine ! Et mon dévouement m’aurait coûté vingt piastres, si je n’avais pas eu cette idée lumineuse… J’en suis absolument bouleversée…

— Bah ! puisque tu l’as ! Mangeons. Ça va passer.

— Et ce beau Jules, qui, pas plus tard que ce matin m’a prédit des aventures. Il ne savait pas si bien dire ! Il trouve que j’ai vraiment trop de façon. Trouves-tu qu’il a tort ? Mais c’était si amusant d’être sur le même banc du 65 et de s’en aller à la même vente. Et puis, elle me plaisait cette Anglaise, pour une fois. Je me disais : Qui sait ?…ça me fera peut-être une amie et ça me permettra de pratiquer mon anglais…