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hobo d’occasion

De sombres pics occupaient le ciel. Le train poursuivait une rivière sinueuse et encaissée. Quand l’espace manquait sur la berge pour la voie, un tunnel s’offrait. Le soleil daigna aussi se montrer, encourageant Louis de ses intermittents rayons.

À l’arrêt suivant, il retrouva ses jeunes compagnons, installés dans un wagon à bestiaux, mais nettoyé, désinfecté et qui les protégerait de la pluie et du vent.

Ils passèrent à Golden, petite ville où ils restèrent une dizaine de minutes avant de reprendre la route qui se dirigeait vers le nord.

Le train reprit, en quittant, une allure rapide ; car, pour quelques milles il courut dans une vallée sans obstruction, puis il fit un virage à gauche, vers l’ouest. Un autre col restait à franchir, parce qu’alors le « fret » fut séparé en deux et l’on y sandwicha une autre énorme locomotive. Et ainsi fortifié, il entreprit l’ascension, longeant la Rivière à l’Ours au cours tumultueux.

Les deux puissantes locomotives n’étaient pas de trop. La vitesse diminuait constamment malgré leur force. Le train avait quitté le fond de la vallée pour s’accrocher de nouveau aux flancs des montagnes. Les jeunes gens commencèrent à se sentir surexcités. Ils savaient qu’ils approchaient peu à peu du plus fameux des tunnels : le Connaught, qui a cinq milles de longueur. Un peu d’inquiétude se mêlait à leur exaltation. Mais au jour succédait la nuit et ils ne voyaient presque plus rien, quand tout à coup la voie redevint droite ; la seconde locomotive fut décrochée, et,