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enthousiasme

— Malheureux ! Va vite jeter ça ! et viens te laver les mains.

Il ne les avait pas jetés. Il leur avait fabriqué une cabane avec une boîte à chaussure. Il avait percé une porte, des fenêtres, mis de la terre, de l’herbe et arrosé le tout, pour que ça leur fasse de la belle boue. Bien entendu, malgré tant de soins, les vers avaient vite disparu.

Pierrot un peu plus vieux, avait sauvé de la mort deux souris. Puis, avec une moustiquaire, il leur avait fait une cage. Il les nourrissait copieusement de fromage canadien, quand sa mère s’aperçut que sa meule diminuait vraiment vite depuis quelques jours. Elle s’en étonna devant les enfants, et une des petites filles déclara innocemment :

— C’est Pierrot qui en a besoin pour ses belles petites souris…

— Ses souris ? quelles souris ?

— Mais oui, ses souris. Tu les as pas vues ? Viens les voir, maman, elles sont si fines…

— Mais où ?

— Dans le hangar, tiens…

La mère n’était pas une femmelette que les souris font grimper sur les chaises et sur les tables, certes, mais ayant eu dans sa vie à souffrir des méfaits de cette gent sans vergogne, elle n’était pas d’avis d’en faire l’élevage.

Elle vit les souris. Devant sa toute petite fille, elle fit semblant de les trouver belles, elle les trouva belles, en vérité, — était-ce son fromage qui leur avait fait un si beau poil ?