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poilu

courait pas moins les rues du matin au soir. C’était un chien assez finaud pour ne pas faire de mauvais coups ; personne ne lui voulait donc de mal.

L’été venu, une fois installé à la campagne, il manifesta un bonheur encore plus grand. Si bien que Pierrot décida de s’établir plus tard sur une ferme et suivit le voisin pas à pas pour apprendre son futur métier. Et Poilu suivait lui aussi. Faire les foins, aller chercher les vaches, ramener les animaux en veine d’indépendance, voilà des tâches qu’assumaient le chien et l’enfant. Si bien que Poilu fut bientôt chez lui autant chez le fermier que chez Pierrot. Cela servait les desseins de ceux qui veillaient à sa destinée.

Poilu allait aussi à la rivière quand les enfants s’y baignaient. Mais il n’aimait pas se mouiller et, s’il pouvait s’en dispenser, n’entrait pas dans l’eau. Mais, quand les enfants désiraient qu’il les suivît, ils s’éloignaient du rivage, et alors, Poilu les croyant en danger, se précipitait et allait les rejoindre.

On admirait qu’il fût aussi vigilant !

Les meilleurs jours ont une fin. Septembre fut bientôt là. La famille rentrait en ville. Impossible d’ajouter le chien aux dix personnes qui rempliraient la mauvaise voiture.

— Laisse ton chien chez le fermier, Pierrot ! La semaine prochaine nous reviendrons pour cueillir les pommes et nous le ramènerons…

Pierrot hésitait, cherchant un moyen. Mais il avait bon cœur, il constatait bien que son chien était plus heureux à la campagne qu’à la ville ;