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enthousiasme

Mais il pensait soudain à Poilu. Est-ce qu’on amène un chien en avion ! Il ne le savait pas. Il dit tout de même :

— Mon Poilu, il aimerait ça voir l’aéroport. Nous l’amènerons quand y’sera revenu.

Un de ces soirs, au souper, il raconta son excursion et demanda :

— J’ai fait combien de milles, papa ?

— Une vingtaine j’suppose.

— Et pour aller à Terrebonne, y a combien ?

— À peu près le double…

— Maman, demanda-t-il plus tard, quand il fut seul avec sa mère, samedi prochain, est-ce que tu voudrais que j’aille voir Poilu ? Tu me ferais un lunch. J’prendrais toute la journée. J’suis capable.

— C’est un peu loin…

— J’resterai du bon côté de la route, j’t’le promets. Et c’est bien moins dangereux qu’en ville…

— Nous verrons…

Il revient à la charge et arrache la permission.

À cinq heures, le samedi matin, il était sur pied, et voulait partir sans déjeuner. Sa mère eut envie de se fâcher, de le garder, pour le punir d’éveiller ainsi toute la maison. Mais elle se souvenait de certains matins de son enfance. Elle se contenta de lui dire :

— Tu es un peu fou, mon pauvre Pierrot…

Elle fit le paquet de sandwiches, le força à déjeuner mieux que d’habitude, lui donna quelques sous, et tout fier, il partit…