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poilu

de Sales, puis le pont, et de Terrebonne gagna la campagne.

Comment un chien a-t-il tant d’instinct ? Pierrot était à peine en vue de la maison qui, fermée, s’abritait du mauvais temps, quand il vit venir une boule de fourrure brune sur des pattes basses et tout de suite, Poilu était là, lui sautait au visage, le léchait et donnait des marques d’un tel délire de joie que sans réfléchir à sa fatigue, le gamin tourna sa bécane et dit :

— Sauvons-nous, mon Poilu, viens, vite, viens-t-en…

Tout à coup, il avait eu peur qu’on ne le comprenne pas à la ferme, qu’on veuille garder le chien…

À une allure folle, ils s’enfuirent.

Mais bientôt, la route ayant tourné, Poilu et Pierrot durent ralentir. Un mauvais vent leur jetait la pluie dans la face, les aveuglait. Le chien semblait quand même en rire, et Pierrot si heureux, en faisait autant. La bécane roulait moins vite qu’à l’aller. Une maison d’été inoccupée leur offrit, en refuge, sa véranda. Pierrot sûr de ramener son chien pouvait désormais se reposer un peu. Il s’allongea sur le dos, la tête sur la boule de fourrure mouillée ! Et Poilu qui devait deviner la fatigue de son jeune maître, demeurait immobile.

Il fallait tout de même repartir. Et le vent et la pluie repartirent avec eux, et le chien et l’enfant tirèrent de plus en plus la langue. Le matin, Pierrot n’avait remarqué aucune des montées. Au retour, il était bien forcé de le faire, ça ne roulait plus aussi bien, avec ces rafales