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enthousiasme

d’autre vaisselle que la sienne, et qu’elle avait relavé elle-même tous les uniformes qui sortaient pourtant de la buanderie, et les draps et les couvertures avant de s’en servir…

— Ah ! c’est vrai, j’avais oublié. Eh bien, je l’embrasserai pas, je vais lui montrer le français plutôt…

Et elle repartit, dansant sur un pied, puis sur l’autre, mais se tenant désormais à un peu plus de distance du noir, par peur qu’il ait mal au cœur de la petite blanche qu’elle était.

Un autre problème était réglé dans sa vie.

Le carême d’Isabelle passe. Remplie de zèle, les derniers jours, elle ne change pas la résolution : Lavé la vaiselle, quand elle la tire. Pour clôturer l’ère de sanctification, Dieu lui offre aussi l’occasion de nouveaux mérites.

Sa mère reçoit une demande de secours pour une famille de miséreux, dans laquelle il y a plusieurs petites filles. Elle décide d’avoir la collaboration d’Isabelle. Elle la prie de choisir parmi ses robes celles qui sont un peu courtes et qui ne feront plus à l’été. Isabelle en découvre cinq ou six, très jolies encore, et qu’elle regarde avec tendresse. Mais elle les donne.

Et elle dit :

— Même si ce n’est pas le jour de l’an, maman, est-ce que je pourrais donner une poupée ?

— Sûrement.

Elle choisit Sophie, qui vraiment n’a plus trop bonne mine, parce qu’elle l’a trop aimée, trop débarbouillée. Son bonnet, sa toilette sont vraiment grisâtres.