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LEFÉBURE

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LA ROSE MALADE


Une fois j’aperçus, au fond d’un pêle-mêle
De ronces, de cailloux & de buissons obscurs,
Une rose pendue au bout d’un rameau frêle,
Qui se mourait, fanée, à l’angle de deux murs.

Elle avait fleuri là sans fraîcheur & sans gloire :
Un peu de rouge à peine égayait sa pâleur,
Et sa forme indécise, à travers l’ombre noire,
Reluisait vaguement comme un spectre de fleur.

Demi-mort, demi-clos, près de la triste rose,
Se penchait un bouton par le vent agité :
Ils semblaient regarder & chercher quelque chose,
Et leurs reflets mouvants tachaient l’obscurité.

Le soleil répandait cette splendeur dernière
Qui, comme un éclair fixe, illumine les bois ;
On sentait s’en aller la vie & la lumière,
Quelques rayons, traînaient à la cime des toits.