Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/127

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Franchit le seuil d’écorce, & dans l’arbre au creux sombre
Il rentre, &, sans mot dire, il disparaît dans l’ombre.

Tout disparaît aussi, les oiseaux & les fleurs,
Les vierges aux doux yeux, & les mille couleurs
Des prés, des cieux, des bois, la lumière elle-même ;
Tout meurt avec le bruit de la note suprême,
Avec le divin souffle emporté par le vent…

Le chêne est resté nu, noir, seul comme devant.


IV


Mais de ses larges flancs où s’émousse la hache
Surgira mille fois l’hôte obscur qui s’y cache ;
Et le Faune immortel, réveillant les amours,
Si vieux que soit le chêne, y chantera toujours.
Le monde encor verra de sa sombre demeure
L’adolescent sacré s’élancer à son heure,
Jouant de ses pipeaux, éternels comme lui,
Et, d’un souffle léger, chassant le lourd ennui.

Sitôt qu’il reparaît, sitôt qu’il fait entendre
Sur les roseaux de Pan sa chanson vive ou tendre,
Le prodige adoré s’accomplit dans les bois :
L’arbre est peuplé d’oiseaux, de fleurs comme autrefois,
Égayé de festins & de rondes champêtres ;