Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/142

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Je crois que cette image édifiante & sainte
Mettait un peu d’espoir au fond du désespoir,
Et que les pauvres gens la regardaient sans crainte.

Ce n’est pas que la mort leur fût douce à prévoir ;
Dieu régnait dans le ciel & le roi sur la terre :
Pour eux mourir, c’était passer du gris au noir.

Mais le maître imagier qui, d’une touche austère,
Peignait ce simulacre, à genoux & priant,
Moine, y savait souffler la paix du monastère.

Sous les pas des danseurs on voit l’enfer béant :
Le branle d’un squelette & d’un vif sur un gouffre,
C’est bien affreux, mais moins pourtant que le néant.

On croit en regardant qu’on avale du soufre,
Et c’est pitié de voir s’abîmer sans retour
Sous la chair qui se tord la pauvre âme qui souffre.

Oui, mais dans cette nuit étalée au grand jour
On sent l’élan commun de la pensée humaine,
On sent la foi profonde. — Et la foi, c’est l’amour !

C’est là, c’est cet amour triste qui rassérène.
Les mourants sont pensifs, mais ne se plaignent pas,
Et la troupe est très-douce à la Mort qui la mène.