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LOUISA SIEFERT

———

I


Sans le soupir, le monde étoufferait.
Ampère.


Rêves, anxiétés, soupirs, sanglots, murmures,
Vœux toujours renaissants & toujours contenus,
Instinct des cœurs naïfs, espoir des têtes mûres,
O désirs infinis, qui ne vous a connus !

Les vents sont en éveil ; les hautaines ramures
Demandent le secret aux brins d’herbe ingénus,
Et la ronce épineuse où noircissent les mûres
Sur les sentiers de l’homme étend ses grands bras nus.

« Où donc la vérité ? » dit l’oiseau de passage.
Le roseau chancelant répète : « Où donc le sage ? »
Le bœuf à l’horizon jette un regard distrait.

Et chaque flot que roule au loin le fleuve immense
S’élève, puis retombe, & soudain reparaît,
Comme une question que chacun recommence.