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XII


C’est un boudoir meublé dans le goût de l’Empire,
Jaune, tout en velours d’Utrech. On y respire
Le charme un peu vieillot de l’Abbaye-aux-Bois,
Croix d’honneur sous un verre & petits meubles droits,
Deux portraits — une dame en turban qui regarde
Un pompeux colonel des lanciers de la garde,
En grand costume, peint par le baron Gérard —
Plus une harpe auprès d’un piano d’Érard,
Qui dut accompagner bien souvent, j’imagine,
Ce qu’Alonzo disait à la tendre Imogine.


XIII


Champêtres & lointains quartiers, je vous préfère
Sans doute par les nuits d’été, quand l’atmosphère
S’emplit de l’odeur forte & tiède des jardins.
Mais j’aime aussi vos bals en plein vent d’où, soudains,
S’échappent les éclats de rire à pleine bouche,
Les polkas, le hoquet des cruchons qu’on débouche,
Les gros verres trinquant sur les tables de bois,
Et, parmi le chaos des rires & des voix
Et du vent fugitif dans les ramures noires,
Le grincement rhythmé des lourdes balançoires.