Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/300

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De longs cheveux dorés sur sa gorge solide
Roulaient ; ainsi qu’un jonc son torse se cambrait.

Quand le couchant ombrait les lauriers de la grève,
Et qu’ondulaient au loin les plaines de maïs,
Fatma semblait ouïr les échos du pays,
Et, se laissant porter sur les ailes d’un rêve,

Elle suivait des yeux les ibis au long col,
À l’horizon pourpré poursuivant leur voyage ;
De ses belles forêts croyant voir un mirage,
Son âme vers le ciel aussi prenait son vol.

Alors, au son du fifre & du tambour de basque,
En arabe chantant des hymnes inconnus,
Une écharpe roulée autour de ses bras nus,
Elle dansait parfois une danse fantasque.

Aux ailes de son nez pendillaient trois sequins,
Ses pieds d’enfant traînaient sur le sol ; nonchalantes,
Ses poses s’endormaient ; des paillettes ardentes
Flambaient dans le fond noir de ses yeux africains.

Tout à coup, bondissante ainsi que la panthère,
Montrant dans un souris la neige de ses dents,
Elle faisait sonner les anneaux résonnants
De ses pieds qui frappaient en cadence la terre.