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THÉODORE DE BANVILLE

L’orage des sanglots humains, & d’où ruisselle
Comme un fleuve éperdu la vie universelle !

Ô Dieux, pendant les nuits sereines, anxieux,
J’ai longtemps écouté le bruit qui vient des cieux,
D’où sans cesse le Chant des Étoiles s’élance
Si doux, que nous prenons ses voix pour le silence !
Dieux comme vous, mais faits de flamme & de clarté,
Les grands Astres épars dans la limpidité
De l’azur, triomphants d’orgueil & de bravoure,
Vivent dans la splendeur blanche qui les entoure.
Héros, nymphes, guerriers, chasseurs, parmi les flots
De clairs rayons, les uns de leurs blancs javelots
Percent, victorieux, des monstres de lumière ;
Penchés sur des chevaux à l’ardente crinière,
Coursiers de neige ailés au vol terrible & sûr,
D’autres livrent bataille à des hydres d’azur.
Sur de resplendissants dragons des Vierges pâles
Volent, de leurs cheveux secouant des opales,
Et le ciel, traversé d’un éclair vif & prompt,
S’enflamme au diamant qui tressaille à leur front.
Celles-là dans la mer de feu blanche & sonore
Puisent des flots ravis, puis renversent l’amphore
Au flanc lourd traversé par un reflet changeant
D’où la lumière tombe en poussière d’argent ;
D’autres, aux seins de lys & de neiges fleuries,
Dansent dans les brûlants jardins de pierreries,
Et des Astres pasteurs, près des fleuves de blancs
Diamants, dont les flots sont des rayons tremblants,