Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/317

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Je connais des vipères humaines
D’un penchant plus malin :
Celles-là, sans offenses ni peines,
Mordent soir & matin.
Qu’on soit près, qu’on soit loin, hors du monde
Et dans l’ombre perdu,
Faut toujours que leur venin immonde
Sur vous soit répandu.
O serpents, ô gueules malfaisantes,
Vous valez encor mieux
Que ma race & les lèvres pensantes
Du chef-d’œuvre des cieux !




CŒNIS


Dans les bois ténébreux de l’infernal empire
Cœnis traîne à pas lents le poids de ses douleurs ;
Elle passe, revient, & jamais un sourire
De son front abattu n’anime les pâleurs.

Vivante, elle eut l’amour du roi des eaux marines,
Puis trahie, elle obtint de son divin amant
La faveur d’échanger ses grâces féminines
Contre un sexe moins doux & plus fort au tourment.