Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/71

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À glisser le pinceau dans des corsets de soie ;
Ou qu’étant un poëte on baigne dans l’iris
Sa plume, pour rimer des bouquets à Chloris.
À te voir si galant on te croyait frivole ;
À voir sur le papier comment ma rime vole,
On m’a pris pour mondain. Mais toi, le vrai Watteau,
Tu grelottais de fièvre en ton réel manteau ;
Et moi, mis à l’écart par des oreilles sourdes,
J’ai lacéré mon cœur sous des attaches lourdes.
— O marbre ! ton modèle avait donc ce grand air ?
Le voilà délivré des tourments de sa chair ;
Il rêve… Moi, je vis, harassé d’être un homme…
Ah ! quand donc dormirai-je enfin du dernier sommer ?




L’AMOUR ANACRÉONTIQUE


Eh quoi ! votre printemps sourit à mon automne,
Y pensez-vous, jeune beauté !
J’ai l’âge où les ardeurs ont besoin d’une tonne ;
Il faut à boire à ma gaîté.

Coupe en main, vous plaît-il de me servir l’ivresse ?
Complotez donc avec le vin.
Osez dans le breuvage infuser la maîtresse ;
Je vous devrai le feu divin.