Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/135

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N’invoquons point les Dieux des races étrangères,
Car la terre natale et nos bois et nos cieux
Sont encor palpitants du souffle de nos Dieux.
On sent dans l’air sacré leurs signes, leurs présages.
Je ne quitterai point le culte des vieux sages.
Les hommes d’autrefois, qui valaient mieux que nous,
Acquittaient le tribut qu’on doit aux Dieux jaloux.
Pieux observateur des coutumes antiques,
Moi, je prierai comme eux, debout, sous les portiques.
Nos Dieux, Daphné, sont bons et joignent en riant
La belle vierge émue à l’homme impatient.

DAPHNÉ.

Au cher jour que ma main fut prise dans la tienne,
Tu mis ton anneau d’or au doigt d’une chrétienne.
Un prêtre, ayant chassé les Nymphes d’un ruisseau,
Enfant, me baptisa par le sel et par l’eau ;
Et je devins ainsi la sœur et la compagne
De celui qui voulut mourir sur la montagne.

HIPPIAS.

La nature des Dieux est obscure, il est vrai.
Gardons-nous d’offenser jamais rien de sacré.
Plus d’un Dieu vénérable, aux lèvres d’ambroisie,
Nous est venu jadis de la terre d’Asie.
Et je crois, car mon cœur n’est ni léger ni vain,
Qu’en Jésus, roi des Juifs, quelque chose est divin.
Mais parce qu’il mourut quand vint la neuvième heure,
Je le nomme Adonis que Cythéréia pleure,
Et je le nomme Hermès, parce qu’il a conduit