Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/146

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SCÈNE V


DAPHNÉ.

Cher Hippias, un vœu t’a pris ta fiancée !
Nous n’achèverons pas l’union commencée.
Oh ! trois fois malheureux parce que je te plus,
Ne reviens plus jamais ici, ne reviens plus !
Fermez-lui le chemin de tous nos ports, étoiles !
O souffles qui passez et gonflerez ses voiles,
Souffles mystérieux du soir, s’il est en vous
Un Esprit, un Génie intelligent et doux,
Sur la nef précieuse allez parler à l’homme,
Hélas ! qu’il ne faut plus désormais que je nomme,
Et s’il s’est endormi songeant à notre amour,
Pour qu’il ne sente pas d’amers regrets un jour,
Effacez doucement de ses yeux mon image.
Qu’il m’oublie ! Et qu’un soir, au hasard d’un voyage,
Reçu près d’un foyer tranquille et réjoui,
Il y trouve une vierge et l’emmène chez lui,
Plus heureuse que moi, mais non certes plus tendre.
Ah ! s’il m’était permis…

Un CHŒUR lointain de jeunes hommes, chantant un épithalame

Hymen, Hymen aux beaux flancs,
Hespéros se lève.
Viens à nous ; la nuit est brève :
Hâte tes pieds blancs !

DAPHNÉ.

Ah ! s’il m’était permis… Mais il me semble entendre