Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/169

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Montre leur qu’en ton sein, sur tes monts, dans tes villes,
Tu nourris, sans danger des discordes civiles,
Trois peuples différents réunis pour le bien ;
Leurs usages, leur Dieu, leurs langues sont contraires.
Qu’importe ! Ils sont contents, et tous vivent en frères ;
Car c’est la liberté qui fait leur sûr lien.

Ah ! puisse un jour l’Europe, imitant ton exemple,
N’être dans l’avenir qu’une Suisse plus ample,
Nouveaux États-Unis des vieux peuples chrétiens !
Immense république, où, Nations et races,
De leurs trop longs discords répudiant les traces,
Formeraient des Cantons libres comme les tiens !

Si c’est une chimère, elle est belle ! L’histoire
Doit-elle errer toujours dans un cercle illusoire,
Comme Samson tournant la meule en sa prison ?
Des siècles plus actifs sont à l’œuvre pour elle ;
Le nôtre va finir ; l’axe incline et révèle
Un meilleur avenir, un plus large horizon !

Et quand ces jours viendront, c’est toi seule, Helvétie !
Toi qui les fis comprendre et fus leur prophétie,
Qui conduiras le chœur de nos Amphictyons.
Pacifique et sereine, en tes Alpes tranquilles
Où notre liberté peut voir ses Thermopyles,
Tu jugeras d’en haut toutes les Nations !