Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/328

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Les syrènes sont enrhumées ;
L’arbre n’est plus qu’un madrier ;
Les chants ne pendent plus aux lèvres,
Et, comme on ne voit plus les chèvres,
On n’entend plus le chevrier.

Ainsi l’automne est envolée,
Et la nature désolée
A perdu jusqu’à son manteau ;
L’hiver se couche sur la Terre
Pareil à l’image de pierre
Qui, muette, ferme un tombeau.

La grande Corne d’abondance
A tari sa munificence
Et, maintenant, ce qu’il en sort
C’est le regret, c’est la tristesse,
C’est la douleur, c’est la vieillesse,
C’est l’ennui sombre et c’est la mort.

Ainsi nous voyons que tout lasse
Et que tout casse et que tout passe,
Ainsi nous croyons tout perdu,
Ainsi de nous rien ne résiste,
Ainsi nous pensons, chose triste !
Que rien ne nous sera rendu.

Comme si rien, de ce bas monde,
Et de tant d’astres à la ronde,