Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/369

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Avec la clarté blanche et rose de sa peau
Ils contrastaient ainsi que l’aurore avec l’ombre ;
Quand ils flottaient, c’était le funèbre drapeau
Que son spleen arborait à sa figure sombre.

Coupés, en torsions exquises se dressant,
Sorte de végétal ayant l’humaine gloire,
Avec leur aspect fauve étrange et saisissant
Il figuraient à l’œil une mousse très-noire.

Épars, sur les reins nus, aux pieds qu’ils côtoyaient
Ils faisaient vaguement des caresses musquées,
Aux lueurs de la lampe, ardents, ils chatoyaient,
Comme en un clair-obscur l’œil des filles masquées.

Quelquefois, ils avaient de gentils mouvements
Comme ceux des lézards aux flancs d’une rocaille ;
Ils aimaient les rubis, l’or, et les diamants,
Les épingles d’ivoire et les peignes d’écaille.

Dans l’alcôve où brûlé de désirs éternels
J’aiguillonnais en vain ma chair exténuée,
Je les enveloppais de baisers solennels,
Étreignant l’idéal dans leur sombre nuée !…

Des résilles de soie, où leurs anneaux mêlés
S’enroulaient pour dormir ainsi que des vipères,
Ils tombaient d’un seul bond, touffus et crespelés,
Dans les plis des jupons, leurs chuchotants repaires.