Page:Le Play, L’Organisation De La Famille, 1884.djvu/253

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sèment des arbres fruitiers. Rien de riant et de calme comme ce domaine, entouré de fraîcheur et de verdure, qui réalise complètement le type si bien décrit par Arthur Young. (N. 6, § 12.)

La maison était déserte quand je m’y présentai. Après en avoir exploré les abords, je finis par trouver un petit garçon du pays, qui voulut bien me guider jusqu’auprès des Mélouga.

La famille était réunie, occupée au travail des regains, dans un pré assez fortement en pente. La « maîtresse de maison », Savina Py, tricotait à l’ombre d’un arbre situé au sommet du pré. Autour d’elle ses petits-enfants se roulaient dans l’herbe. Disséminés sur la pente, son gendre, sa fille Marthe, son fils Joseph et le nouveau domestique André, coupaient les foins ou les étendaient au soleil.

Ce tableau respirait le calme et la sérénité. Quel contraste entre la situation faite à l’ouvrier des manufactures et ce travail en plein air, dans une atmosphère qui dilate les poumons, au milieu des senteurs fortifiantes des herbes, en face de cette nature grandiose des Pyrénées ! De tels spectacles démontrent, mieux que toutes les harangues officielles, la grandeur de l’agriculture, et j’oserai presque dire sa salubrité morale. C’est en l’exerçant que l’homme est plus facilement qu’ailleurs sain de corps et