Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/111

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« Sire, dit le sorcier, mandez à vos veneurs qu’ils mettent la laisse aux limiers et la selle aux chevaux ; annoncez que sept jours et sept nuits vous vivrez dans la forêt, pour conduire votre chasse et vous me pendrez aux fourches, si vous n’entendez pas, cette nuit même, quel discours Tristan tient à la reine. »

Le roi fit ainsi, contre son cœur. La nuit tombée, il laissa ses veneurs dans la forêt, prit le nain en croupe, et retourna vers Tintagel. Par une entrée qu’il savait, il pénétra dans le verger et le nain le conduisit sous le grand pin.

« Beau roi, il convient que vous montiez dans les branches de cet arbre. Portez là-haut votre arc et vos flèches : ils vous serviront peut-être. Et tenez-vous coi : vous n’attendrez pas longuement.

— Va-t’en, chien de l’Ennemi ! » répondit Marc.

Et le nain s’en alla, emmenant le cheval.

Il avait dit vrai : le roi n’attendit pas longuement. Cette nuit, la lune brillait,