Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/239

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Oui, si vous m’avez dit vérité, la vie que vous menez en cette terre est forsennerie et folie, et nul bien n’en peut résulter ni pour vous ni pour ma sœur Iseut aux Blanches Mains. Donc entendez mon propos. Nous voguerons ensemble vers Tintagel ; vous reverrez la reine, et vous éprouverez si toujours elle vous regrette et vous porte foi. Si elle vous a oublié, peut-être alors aurez-vous plus chère Iseut ma sœur, la simple, la belle. Je vous suivrai : ne suis-je pas votre pair et votre compagnon ?

— Frère, dit Tristan, on dit bien : Le cœur d’un homme vaut tout l’or d’un pays. »

Bientôt, Tristan et Kaherdin prirent le bourdon et la chape des pèlerins, comme s’ils voulaient visiter les corps saints en terre lointaine. Ils prirent congé du duc Hoël. Tristan emmenait Gorvenal, et Kaherdin un seul écuyer. Secrètement, ils équipèrent une nef et voguèrent vers la Cornouailles.