Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/41

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Après que le maître veneur lui eut conté l’aventure, Marc admira le bel arroi de cette chevauchée, le cerf bien dépecé, et le grand sens des coutumes de vénerie. Mais surtout il admirait le bel enfant étranger, et ses yeux ne pouvaient se détacher de lui. D’où lui venait cette première tendresse ? Le roi interrogeait son cœur et ne pouvait le comprendre. Seigneurs, c’était son sang qui s’émouvait et parlait en lui, et l’amour qu’il avait jadis porté à sa sœur Blanchefleur.

Le soir, quand les tables furent levées, un jongleur gallois, maître en son art, s’avança parmi les barons assemblés, et chanta des lais de harpe. Tristan était assis aux pieds du roi, et, comme le harpeur préludait à une nouvelle mélodie, Tristan lui parla ainsi :

« Maître, ce lai est beau entre tous : jadis les anciens Bretons l’ont fait pour célébrer les amours de Graelent. L’air en est doux, et douces les paroles. Maître, ta voix est habile, harpe-le bien ! »