Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/63

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les barons pressèrent le roi Marc de prendre à femme une fille de roi, qui lui donnerait des hoirs : s’il refusait, ils se retireraient dans leurs forts châteaux pour le guerroyer. Le roi résistait et jurait en son cœur qu’aussi longtemps que vivrait son cher neveu, nulle fille de roi n’entrerait en sa couche. Mais, à son tour, Tristan qui supportait à grand’honte le soupçon d’aimer son oncle à bon profit, le menaça : que le roi se rendît à la volonté de sa baronnie ; sinon, il abandonnerait la cour, il s’en irait servir le riche roi de Gavoie. Alors Marc fixa un terme à ses barons : à quarante jours de là, il dirait sa pensée.

Au jour marqué, seul dans sa chambre, il attendait leur venue et songeait tristement : « Où donc trouver fille de roi si lointaine et inaccessible que je puisse feindre, mais feindre seulement, de la vouloir pour femme ? »

À cet instant, par la fenêtre ouverte sur la mer, deux hirondelles qui bâtissaient leur nid entrèrent en se querellant, puis,