Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/69

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le renversa sur la croupe de son cheval et le maintint arrêté :

« Dieu vous sauve, beau sire ! dit Tristan ; par quelle route vient le dragon ? »

Et, quand le fuyard lui eut montré la route, Tristan le relâcha.

Le monstre approchait. Il avait la tête d’un ours, les yeux rouges et tels que des charbons embrasés, deux cornes au front, les oreilles longues et velues, des griffes de lion, une queue de serpent, le corps écailleux d’un griffon.

Tristan lança contre lui son destrier d’une telle force que, tout hérissé de peur, il bondit pourtant contre le monstre. La lance de Tristan heurta les écailles et vola en éclats. Aussitôt le preux tire son épée, la lève et l’assène sur la tête du dragon, mais sans même entamer le cuir. Le monstre a senti l’atteinte pourtant ; il lance ses griffes contre l’écu, les y enfonce, et en fait voler les attaches. La poitrine découverte, Tristan le requiert encore de l’épée, et le frappe sur les flancs d’un coup si violent