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AVERTISSEMENT

ce comte Guillaume, qu’elle désigne plus particulièrement en le qualifiant de comte de Flandre, et Joinville ne l’appelle pas autrement, quoique, Marguerite sa mère vécût encore. Elle annonce sa mort tragique dans un tournoi, et on vient de lire comment cette mort est décrite dans le Couronnement de Renard. Elle se nomme, il est vrai, à la troisième personne vers la fin de la pièce qu’elle termine par annoncer les fables d’Ésope, et ces fables suivent effectivement le Couronnement dans le seul manuscrit qui en existe à la Bibliothèque du Roi, et qui est du xiiie siècle : il est remarquable qu’elle s’exprime de la même manière dans le lai de Gugemer. D’ailleurs dans le Roman du Renard, Pierre de Saint-Cloud, Richard de Lison, etc., en ont fait de même, et un grand nombre de nos anciens trouvères ont suivi la même méthode.

Dans aucune de ses pièces, Marie n’a parlé de sa patrie ; elle s’est contentée de dire qu’elle étoit de France ; mais dans les nouveaux regrets qu’elle exprime vers la fin du Couronnement sur la mort du comte Guillaume, il y a quelques vers qui pourroient faire présumer qu’elle étoit Flamande[1]. Elle dit au vers 3258 :

Argent, pour toi pierdu avolls
No bon singnour qui tant valoit.

  1. J’ignore d’après quelle autorité il est dit, dans le tome XVI de l’Histoire littéraire de France, page 209, que Marie étoit Bretonne ; ce ne peut être, je crois, qu’une induction tirée de ses lais, dont presque tous les sujets sont Bretons.