Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/410

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pauvre blessé afin de le ranimer par leur doux parfum. »

— « Merci, bonne mère, » dit la jeune fille en pressant de ses lèvres vermeilles le front ridé de sa nourrice, « et moi je placerai contre son cœur ce morceau de la vraie croix pour le défendre contre les mauvais esprits, et je voue à la Vierge deux chandeliers d’argent, si nous obtenons par son intercession un heureux passage à travers les rapides, et le succès des appareils que tu mettras sur ses blessures. »

— « Ne crains rien, chère enfant, je connais des plantes d’une vertu merveilleuse qui croissent dans notre île : je les cueillerai toutes humides de rosée quand la lune sera au plus haut de son cours ; et chaque goutte de cette rosée balsamique chassera le venin de son sang, le rappellera à la vie. Mais tu es faible, épuisée ; tu ressembles à la pauvre mère, lorsque ton père se sépara d’elle pour aller combattre nos chefs. Ta joue est pâle, flétrie comme les feuilles de ces roses que j’ai vues tout le jour sur ton sein. Viens, ma fille ; derrière ce rocher surgit une fontaine rafraîchissante, viens étancher ta soif avec son eau pure et limpide ; tu trouveras sur