Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/413

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l’église, et avait disparu dans la forêt à la faveur du crépuscule, parut devant elle la regardant d’un œil menaçant. Aimée serra son crucifix contre son sein et s’écriant : « sainte mère de Dieu, protégez-moi, » elle bondit comme un faon de rocher en rocher, appelant à haute voix Yakou et Maraka. En un instant ceux-ci furent près d’elle ; mais quand elle leur conta le sujet de sa frayeur, ils pensèrent que c’était un rêve ou qu’un esprit lui était apparu. Toutefois Aimée ne pouvait se persuader que ce qu’elle avait vu ne fût pas réel, et cet incident, quelle que fût sa nature, lui inspira une crainte que la nécessité de déployer actuellement tout son courage, ne put complètement dissiper.

Minuit, l’heure convenue pour commencer leur entreprise, était arrivé, et sans plus attendre ils descendirent la montagne en silence, les deux Indiens portant la litière sur laquelle Aimée avait refusé de se placer, et celle-ci marchant à côté d’eux. Ils traversèrent avec une célérité incroyable l’espace qu’Aimée avait parcouru seule au commencement de la soirée, jusqu’à une place où ils tournèrent vers le nord, en suivant la lisière des bois dont ils sortirent près du château du gouver-