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bons ministres, et comme ils se considèrent eux-mêmes comme les meilleurs ministres, ils demandent la participation. Les réformistes actuels agissent, comme les utopistes, en s’adressant non aux intéressés, mais à ceux qui détiennent pour le moment le pouvoir au nom des classes dominantes, c’est-à-dire des exploiteurs. Comme les utopistes, les réformistes disent : « Faites des réformes si vous ne voulez pas la révolution. » Ils veulent, eux aussi, faire l’économie d’une révolution, et, en cherchant cette économie, ils provoquent, au contraire, le gaspillage de nos forces. Qu’on le veuille ou non, ce sont les classes dominantes qui, avec leur tactique, provoqueront la révolution. Mais si on écoutait les utopistes modernes, la révolution viendrait sans que nous y soyons préparés. Les utopistes de la période classique avaient au moins une excuse, parce qu’ils n’avaient pas encore notre expérience, que la classe prolétarienne n’était pas encore une réalité et qu’il fallait tout prévoir. Mais les utopistes modernes n’ont pas cette excuse. Ils considèrent avant tout le terrain national. Ils sont avant tout des socialistes nationaux. La solidarité internationale n’est pour eux qu’une formule verbale. Ils ont donc tous les traits distinctifs des anciens utopistes, jusqu’au cinquième trait : l’absence de l’organisation, car eux aussi sont pour l’autonomie du parti et, au fond, contre toute organisation solide.

Il y a donc là une remarquable renaissance de la période utopique et le but de notre Ecole du Propagandiste sera de démontrer, par les faits et par l’analyse de la doctrine socialiste, qu’il n’y a qu’un socialisme qui corresponde à la réalité : c’est le socialisme moderne, le socialisme scientifique, réaliste et révolutionnaire. C’est le Communisme.