Page:Le Songe de Poliphile - trad. Popelin - tome 2.pdf/395

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Première lettre que Poliphile raconte avoir écrite à sa Polia. Comme elle ne s’en émut pas le moins du monde, il lui envoya la seconde.

à l’excès, désireux à l’extrême de révéler quelque peu la flamme non médiocre de mon

coeur amoureux, de ce coeur

qui, violemment enflammé par

ton illustre et singulier amour,

se consume languissant, ô nymphe superbe et très-digne de vénération, miracle unique, parfait exemplaire de beauté terrestre ! ce n’est point avec de faibles paroles, c’est avec des larmes, effaçant l’écriture sur ce papyrus, que j’ai pris l’audace honnête et permise, sans témérité, mais vivement poussé par de continuelles stimulations, par l’invasion d’une tourmentante assiduité d’amour, de te découvrir et déclarer l’incroyable passion, la sincère affection que je te porte, à toi mon doux bien, ma douce espérance, rafraîchissement unique de mes tourments que tu ne connais pas, de mes langueurs dont tu ne te fais aucune idée. C’est avec une voix attendrie, avec de respectueuses paroles, avec d’humbles prières que je me recommande à toi, dans l’état de crise où je me trouve, le VIDE