Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/247

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LE SYLPHE REVUE DES ÉCRIVAINS DAUPHINOIS. REFLEXION —*$*— A l'ami Léo Nore. Non, Monsieur Prudhomme n'est pas mort, « car il vit encore », et c'est peut-être en littérature qu'il est le plus immortel. Monsieur Prudhomme goûte et comprend la poésie, puisqu'il a jadis étudié l'Art poétique de Boileau et lu les comédies de Corneille. Inutile de dire, n'est-ce pas, que sa chaste et légitime épouse partage le plus naturellement du monde ses goûts et ses idées. Dame ! c'est qu'il a des principes, Monsieur Prudhomme, comme il convient du reste à un vrai bourgeois grave et gélati neux. Pour lui, la poésie est à peu près morte depuis longtemps, et Yart dégringole à grands pas puisque des impudents audacieux ont eu la criminelle idée de lui refuser le secours de la justicieuse morale. « On ne sait plus traiter de ces sujets pleins d'une beauté sévère. « On ne retrouve plus dans ce que les « pantins » du jour appel ée lent « leur poésie » cette suave banalite classique que rehaussait « encore le ronron harmonieux des hexamètres systematiquement « cadencés, et méthodiquement coupés. » Monsieur Prudhomme le voit bien par les revues littéraires qu'il reçoit, pour faire comme tout le monde : « Il n'est plus d'art ! Il « n'est plus de poésie! « Ces « blancs becs » qui osent se faire une gloire de s'appeler « des « jeunes » ne s'avisent-ils pas de mettre de la passion et de « la réalité dans leurs écrits. Ils ont inventé un amour qui se passe

  • ailleurs qu'au-dessus des nuages! En poésie, comprenez-vous

«ça?» Et de fait, il faut avouer que nous avons un rude toupet d'aimer autre chose que le bien ou quelque incompréhensible abstraction de cette trempe. Nous ne voyons que le beau en tout et partout ; quel scandale ! 1er Volume. — 7e Livr.