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Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/279

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LE SYLPHE REVUE DES ÉCRIVAINS DAUPHINOIS. CHANSON A Emma. Ainsi que des vieillards, les blés lourds se murmurent leurs éternelles confidences et c'est comme une houle blonde qui s'agite lentement, sans trêve, qui s'agite et va mourir d'horizon en hori zon, très loin, comme une fuite de flots jaunes qui va mourir à l'infini. . . — Comme les épis, tes cheveux sont blonds, mignonne,

Comme les epis. Entre des montagnes noires, chargées de sapins et de mélanco liques châteaux, reluit le merveilleux cristal de lacs presque inconnus; c'est un coin de ciel entrevu, azuréen, où les nuages semblent plus blancs dans l'éblouissement mouillé. . . — Comme les lacs mystérieux, tes yeux sont bleus, mignonne,

Comme les lacs. Sous les brises somnolentes, le flot s'enfle et s'abaisse, éternel lement; et il faut toute la fureur des rafales, toute la folie des bourrasques pour changer en frémissements, puis en vagues giclantes la monotone et voluptueuse intumescence. . . — Comme les flots, tes seins palpitent, mignonne,

Comme les flots. Par delà les flots, par delà les champs roux, des cimes inviolées étalent leurs névès et leurs glaciers mornes. Evocation des ban quises hyperboréales, impeccablement blanches, irrévocablement glaciales, semblables à d'immobiles suaires sous un ciel toujours noir. . . — Comme la glace, ton cœur est froid, mignonne. Grenoble, Septembre 1887. Léo NORE. l°r Volume. — 11e Livr.