Aller au contenu

Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

POÉSIES DES POÈTES DU DAUPIIINÉ Car vous frissonniez, pensive et muette, Quand ma voix disait quelques vers bien doux. Dites, sentiez-vous qu'aux vers du poète L'accent ajouté n'était que pour vous ? Le compreniez-vous, dites, ma déesse, Que cet écolier assis près de vous Comme Chérubin près de sa Comtesse Eût voulu tomber alors à genoux ? Il eût embrassé vos mains avec rage, Pris quelque ruban, soupiré beaucoup. Puis il eût juré qu'il serait bien sage... Mais vous auriez dit, moqueuse : « Il est fou ! » — Ah! vous auriez lu de brûlantes choses En la feuilletant, cette âme d'enfant. Que voulais-je donc ? — De vos lèvres roses Un simple baiser, Madame, à l'instant Où lisant des vers, sur le banc de pierre, Le banc ombragé, tout au bout du parc, Je sentais fleurir l'ardeur printanière. Amour contre moi dirigeait son arc ! . . . Mais il est bien loin, n'est-ce pas, Madame, Ce cher jour de Mai, si pur et si beau, Où le ciel limpide avait tant de flamme Qu'il eût réchauffé les morts du tombeau. 1868. Gustave RIVET.