Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/107

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ture même et à la droite raison. C’est ce que je vous dis, mes chers amis, afin que vous ne vous laissiez pas tromper davantage par les belles promesses, qu’elle vous fait des récompenses éternelles d’un paradis, qui n’est qu’imaginaire ; et que vous mettiez aussi votre esprit et votre cœur en repos contre toutes les vaines craintes, qu’elle vous donne des châtimens effroïables d’un enfer qui n’est point. Car tout ce que l’on vous dit de si beau et de si magnifique de l’un, et de si terrible et de si effroïable de l’autre, n’est que fable. Il n’y a plus aucun bien à espérer, ni aucun mal à craindre après la mort. Profitez donc sagement du tems en vivant bien, et en jouissant sobrement, paisiblement et joïeusement, si vous pouvez, des biens de la vie, et des fruits de vos travaux, car c’est le meilleur parti que vous puissiez prendre, puisque la mort mettant fin à la vie, met également fin à toute connoissance et à tout sentiment de bien et de mal.

Mais comme ce n’est point le libertinage, comme l’on pourrait penser, qui m’a fait entrer dans ces sentimens-là, et que je ne demande pas et que je ne voudrois pas même que personne de vous ni aucun autre me crut seulement sur ma parole en chose, qui seroit de si grande importance, et que je désire au contraire de vous faire connoître à vous-même la vérité de tout ce que je viens de dire, par des raisons et par des preuves claires et convaincantes, je vais vous en proposer ici d’aussi claires et d’aussi convaincantes, qu’il en puisse avoir en aucun genre de science. Je tâcherai de vous les rendre si évidentes et si intelligibles que, pour peu que vous aïez de bon sens, vous com-