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s’étant brulés les doigts, il les porta incontinent à la bouche pour en diminuer sa douleur. Il n’eut pas plûtot goûté la douceur de la graisse, dont ses doigts étoient pleins, que non seulement il souhaita d’en avoir davantage, mais il en donna même un morceau à son collègue, qui en fit part aux autres, qui tous, ravis qu’on eut trouvé cette nouvelle friandise, se mirent à manger de la chair avec avidité ! Et c’est de là, dit le même Auteur, que les autres mortels ont apris cette espèce de cruelle et sanglante gourmandise de tuer les animaux pour les manger. Les Juifs, continue-t’-il, disent contre ces autorités que les enfans d’Adam sacrifioient des créatures vivantes dès le commencement du Monde ; mais on sait, ajoute-t’-il, qu’il s’est glissé quantité d’erreurs dans la Loi écrite, d’où ils ont tiré ce fait.

» Les Anciens, continue cet Auteur, disent aussi que la première chêvre, qui tomba par la main des hommes, fut tuée en vengeance du tort qu’elle avoit fait au propriétaire d’une vigne, qu’elle avoit broutée, n’aïant jamais entendu parler d’une action si impie. Il est certain, poursuit-il, que les Egyptiens, le peuple du monde le plus sage et le plus ancien, aïant reçu des premiers habitans de la terre une tradition, qui défendoit aux hommes de tuer aucune créature vivante, pour donner plus de force à cette première loi de la nature, représentèrent leurs Dieux sous la forme de bêtes, afin que le vulgaire, respectant ces sacrés symboles, aprit à ne pas ôter la vie et à ne faire même aucun mal aux animaux. Les Brachmans des Indes Orientales, au lieu de sacrifier des