Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/411

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d’avoir la honte de passer pour dupe, il s’avisa, pour déguiser l’erreur, de quitter le sens littéral, le sens propre et naturel des susdites promesses et prophéties et de leur donner un nouveau sens, auquel on ne s’attendoit point et auquel on n’avoit pas encore pensé, qui fut d’interpréter spirituellement, allégoriquement et mystiquement les susdites promesses et prophéties, disant pour cet effet, que tout ce qui avoit été dit et que tout ce qui s’étoit fait et passé, ou pratiqué dans la loi de Moïse, n’avoit été dit ou fait, qu’en figure de ce qui devoit s’accomplir et de ce qui devoit se faire dans le Christianisme.

Voici comme il s’explique dans sa premiére lettre aux Corinthiens :[1] Mes Frères, leur dit-il, je ne veux pas que vous ignoriez que nos Pères marchèrent sous la nuée et que tous passèrent la mer ; que tous mangèrent la même viande spirituelle, et que tous burent le même breuvage spirituel. Or ils buvoient tous, dit-il, de la pierre spirituelle, qui les suivoit, et cette pierre, dit-il, étoit Jésus-Christ. Petra autem erat Christus. Mais, continue-t’-il, plusieurs d’entr’eux ne furent pas agréables à Dieu, puisqu’il les fit mourir dans le désert ; or ces choses, continue-t’-il, nous ont servi de figures et d’instructions, afin que nous ne suivions pas, comme eux, nos désirs déréglés, et que vous ne tombiez pas, comme quelques-uns d’eux, dans l’idolatrie, selon ce qui est écrit, que le peuple s’assit pour manger et pour boire, et qu’il se leva pour danser, et que nous ne commettions point des

  1. 1 Cor. 10. 1.