Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

voleurs et les plus grands meurtriers, qui soient sur la terre. Tous ceux, qui sont venus, disoit Jesus-Christ, sont des larrons et des voleurs. Omnes quotquot venerunt, fures sunt et latrones. Jean, X : 8.

Vous-direz, peut-être, mes chers amis, que c’est en partie contre moi-même que je parle, puisque je suis moi-même du caractère et de la même profession de ceux, que j’apelle ici les plus grands abuseurs de peuples. Je parle, il est vrai, contre ma profession, mais nullement contre mon inclination, ni contre mes propres sentimens : car, comme je n’ai jamais guères été de légère croïance, ni guères enclin à la superstition, et que je n’ai jamais été si sot, que de faire aucun état des mistérieuses folies de la religion ; je n’ai jamais eu non plus d’inclination d’en faire les exercices, ni même d’en parler avec honneur, ni avec aprobation ; au contraire j’aurois toujours bien plus volontiers témoigné ouvertement le mépris que j’en faisois, s’il m’eût été permis d’en parler suivant mon inclination et suivant mes sentimens. Et ainsi, quoique je me sois laissé assez facilement conduire dans ma jeunesse à l’état ecclésiastique, pour complaire à mes parens, qui étoient bien aises de m’y voir, comme étant un état de vie plus doux, plus paisible et plus honorable que celui du commun des hommes ; cependant je puis dire avec vérité que jamais la vûë d’aucun avantage temporel ne m’a porté à aimer l’exercice d’une profession si pleine d’erreurs et d’impostures. Je n’ai jamais pu me faire au goût de la plupart de ces gaillards et plaisans messieurs, qui se font un si grand plaisir de prendre et de recevoir avec avidité les grosses rétri-